Studio 60 on the Sunset Strip - S01E01
Studio 60 on the Sunset Strip était l’un des événements
majeurs de la rentrée télé US pour deux raisons essentielles : le
retour de Mathew Perry dans une série après la fin définitive de
Friends et celui de Aaron Sorkin, suite à la dernière saison de The
West Wing.
Tous les fidèles de la série décrivant les
différentes législatures du président Bartlett et de son staff
considèrent généralement « West Wing » (« A la maison blanche ») comme
un chef d’œuvre d’écriture télévisuelle, un mécanisme de précision
reposant sur la qualité des dialogues et des situations. Pour faire
simple, le texte de Sorkin, dans la bouche de ses comédiens , c’est du
véritable caviar que l’on déguste sans modération. Mathew Pery avait
d’ailleurs interprété un petit rôle dans quelques épisodes des saisons
4 et 5 de West Wing, il rejoint naturellement le nouveau projet de
Sorkin.
Studio Sixty on the Sunset Strip (déjà, ce titre !) nous
plonge dans les coulisses d’une émission éponyme, sorte de Saturday
Night Live en perte de vitesse que son producteur executif, Wes
Mandell, décide de saborder un soir de direct suite à la censure d’un
sketch. Jordan McDeere, nouvelle directrice des programmes de la chaîne
décide alors de rappeler au secours du programme le duo de scénaristes
remercié plusieurs années auparavant : Matt Albie (Matthew Perry) et
Danny Tripp (Bradley Whitford, qui interprétait Josh Leeman dans West
WIng).
On voit bien dès le départ ce qui pouvait intéresser
Aaron Sorkin dans cette description sans concession du microcosme
télévisuel : mettre une nouvelle fois en scène la coulisse, montrer une
équipe au travail, analyser les relations, les luttes de pouvoirs. Dès
le premier plan du show, on retrouve sa patte inimitable à la faveur de
ces longs plans séquences où des personnages en action (physique bien
sûr mais souvent aussi verbale) traversent un décor, en explorent le
moindre recoin suivi de près par la caméra. C’était le dispositif
principal de The West Wing, Aaron Sorkin inaugure son nouveau bébé par
un plan identique, afin de prendre le spectateur par la main. Il pousse
l’auto-dérison jusqu’à mettre en scène un sketch se déroulant dans le
bureau oval avec un président grotesque et lamentable. Une drôle de
mise en abîme qui nous indique que Sorkin ne se prend pas toujours au
sérieux et que le ton de Studio 60 sera davantage porté sur la comédie
que The West Wing. Cela ne veut pas dire qu’il a choisi d’abandonner la
rigueur d’écriture qui le caractérise, cette petite musique des mots
qui chante à nos oreilles. Non, le premier épisode de Studio 60
témoigne toujours d’un souci invariable de convoquer la réplique juste,
en toutes circonstances.
Le glissement semble donc se faire
naturellement des couloirs de la Maison blanche aux studios d’une
émission de télé, Sorkin ne manifeste aucune condescendance envers ses
nouveaux personnages. On pouvait craindre que passer d’une leçon de
démocratie à l’observation du milieu des médias aurait pu le rendre
hautain ou supérieur, il n’en est rien, si certains portraits de
patrons de chaînes se font au vitriol, c’est toujours en évitant la
caricature dans laquelle aurait pu tomber un tel projet.
On
attend donc la suite avec impatience, en espérant que les mauvais
scores d’audience enregistrés par la série ne remettent pas en cause sa
pérennité à long terme.