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VERSATILE
4 mars 2007

Ne le dis à personne

18674313Avec « Ne le dis à personne », Guillaume Canet impose, après son premier coup d’essai remarqué, « Mon idole », sa singularité particulière dans le paysage cinématographique français. L’acteur/ réalisateur  trouve une place de choix parmi les quelques noms capables de réaliser un vrai film de genre en France, tout en conservant une sensibilité propre qui évite au film de n’être que strictement spectaculaire, mais réserve un traitement prioritaire aux personnages et aux acteurs. 

En effet, « Ne le dis à personne » est avant tout un formidable matériau à suspens et qui bénéficie d’un traitement adéquat de la part d’un metteur en scène décomplexé qui n’hésite pas à aller chercher son inspiration outre-Atlantique. Canet rend hommage au cinéma noir américain de belle manière dont il respecte les codes du genre au pied de la lettre. Il manifeste un art très affirmé du récit en ayant systématiquement un temps d’avance sur le spectateur  pour le mener comme il le souhaite d’un point A à un point B, tout en suscitant à chaque moment notre intérêt. Les scènes d’action, et notamment une poursuite à pied sur le périphérique parisien n’ont pas à rougir des meilleurs blockbusters américains, au contraire. Canet y insuffle une vraie tension et justifie dramatiquement ce genre de séquences, pour ne pas en faire de simples morceaux de bravoures détachés du récit ou une pure démonstration technique. Sa fascination pour le cinéma américain sait en heureusement s’arrêter au bon moment, même si un travelling latéral dans les rues de Paris, sous les ponts du métro avec jeunes jouant au basket donne presque l’impression d’avoir été tourné dans la Grosse Pomme. En fait, on voit bien  que Canet, malgré un budget confortable et une intrigue de film noir, a voulu réaliser un film intimiste, justifié par une histoire d’amour tragique sous-tendue dans tout le récit. Il est en cela formidablement servi par un casting prestigieux qui témoigne manifestement de la crédibilité et de la confiance dont bénéficie Canet dans le milieu. Car pour réunir Cluzet, Jean Rochefort, André Dussolier, Kristin Scott Thomas, Nathalie baye, Marie Josée Croze dans une même distribution, il faut avoir une confiance sans limites dans son projet et dans ses capacités de directeur d’acteur. D’autant plus que chacun a un véritable rôle à défendre, il ne s’agit pas simplement d’un défilé de vedettes venant jouer sa scène. Cluzet en tête qui livre sans doute sa meilleure prestation depuis « l’Enfer » de Chabrol, aussi bon dans la performance athlétique que dans la tension ou le registre de l’émotion.

Dommage dans ces circonstances que le film s ‘écroule dans son dernier tiers, au moment de dénouer les fils de son intrigue dans une interminable séquence explicative. Le rythme de l’explication n’est pas celui de la tension imprimée au récit jusque-là et la dernière demi-heure introduit un déséquilibre qui nuit au film et à son total accomplissement.

Heureusement, « Ne le dis à personne » demeure en la circonstance une vraie réussite qui  permet à Guillaume Canet d’assurer son entière crédibilité de metteur en scène, avec qui il faudra compter. Faites passer le mot !

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