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VERSATILE
4 mars 2007

Arrivederci amore, cio

18649424Pour les amateurs de cinéma fantastique transalpin, Michele Soavi est le réalisateur de deux films cultes, Bloody Bird et Dellamorte Dellamore, son dernier opus réalisé en 1994. Depuis, plus rien pour le grand écran, seuls quelques téléfilms pour la télévision italienne. C'est dire l'attente suscitée par la sortie, après cette pause de plus de 10 ans, de son nouveau long métrage, « Arrivederci amore, cio », qui confirme en outre la grande vitalité du film policier transalpin quelques mois après « Romanze Criminale ».

«Arrivederci amore, cio » suit le parcours de Giorgio, ancien activiste pour les brigades rouges et qui revient aux affaires plusieurs années après un attentat manqué ayant fait une victime innocente. Soavi prend le risque de mettre au centre de son histoire un personnage a priori antipathique, traître à ses heures, lâche et manipulateur. Il tue dans le dos sans scrupule, fait chanter ses anciens complices et les trahit pour obtenir son billet de sortie pour une nouvelle vie, manipule sexuellement la femme du débiteur de son patron, fait équipe avec un flic ripoux pour organiser des braquages. Un salopard magnifique, en quelque sorte, que l'on aimerait détester mais dont le sentiment qu'éprouve le spectateur à son égard se trouble de beaucoup plus de complexité. Car Giorgio agit pour obtenir sa réhabilitation, tirer un trait sur un passif lourd qui le poursuit sans cesse. Giorgio est prisonnier d'une spirale infernale de meurtre et de violence dont il essaie de s'échapper, en vain . La chanson éponyme, « Arrivederci amore, cio » est alors utilisée comme une madeleine de Proust, le renvoyant à son passé et qui dicte en outre au film sa structure. Michele Soavi dresse ici un portrait de l'Italie actuelle politique et sociale sans concession, amer et désabusé. Son personnage principal est d'une part toujours rattrapé par son passé qui lui colle aux baskets et par un contexte où il a à faire à plus perfide que lui, qu'il s'agisse d'un policier corrompu ou d'un politicien véreux. Soavi en vient même à retourner le sentiment de répulsion provoqué par le personnage de Giorgio pour qui ont en vient à prendre fait et cause. Le film est aussi très cynique quand il dépeint la bourgeoisie du Nord, avec le personnage de Flora, séduite par Giorgio pour obtenir une respectabilité de façade. La jeune femme est  présentée comme ridicule dans son puritanisme et son côté dévote et Soavi semble au final renvoyer dos à dos les notables douteux et les innocents sans qu'aucun ne trouve grâce à ses yeux.  Un constat  très pessimiste de la situation italienne du moment, qui renvoie au final à celle qu'essaie d'échapper le personnage de Giorgio et celle dépeinte dans une multitude de polars transalpins des années 70, réalisés par Enzo G Castellari, Fernando di Leo, Mario Caiano, ou Umberto Lenzi. Une façon de dire que dans l'intervalle, rien n'a réellement changé, la société est toujours gangrenée par la violence et la corruption.

A ce propos politique, Michele Soavi applique une mise en scène au millimètre, où chaque cadre et mouvements d'appareil sont signifiants, et qui puise son inspiration à la fois dans une tradition du polar italien des années 70 citée plus haut, mais aussi dans celle du giallo. La lente agonie de Flora, qui rampe dans les immenses couloirs de son appartement renvoie ainsi au cinéma d'un Dario Argento ou d'un Lamberto Bava, maîtres incontestés du cinéma fantastique italien des années 60 et 70. Soavi n'exclut pas l'utilisation de symboles, notamment celui de l'eau comme purificateur. Dans toutes les séquences violentes du film, tombe une pluie torrentielle mais qui ne parvient jamais à laver Giorgio de ses péchés. On pense alors au plan inaugural du générique, où l'on suit le mouvement d'une carcasse de poisson dans le lit d'un fleuve, qui agit comme un poison qui contamine l'élément liquide. Jusqu'au plan final en plongée lors de l'enterrement de Flora, où cette fois Giorgio a obtenu sa réhabilitation, et devient un autre parapluie qui s'ouvre, sous une averse signe cette fois d'une nouvelle vie qui s'annonce.

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