Harry Potter et la Coupe de Feu
L'adaptation cinématographique du quatrième volet
d'Harry Potter cristallisait les attentes les plus folles autant
qu'elle suscitait les craintes les plus légitimes.
« La coupe de
Feu » est en effet le roman le plus ambitieux de la série et le plus
réussi. En outre, Alfonso Cuaron avait posé de nouvelles normes
esthetiques à la saga avec «Le prisonnier d'Azkaban », l 'éloignant du
simple divertissement pour enfants (Chris Colombus, réalisateur des
deux premiers opus est un bon artisan mais certainement pas un auteur
inspiré), pour adopter un style plus gothique, qui laissait supposer
une orientation plus sombre de la série.
Cependant, l'annonce de
la présence de Mike Newell au fauteuil de réalisateur de la « Coupe de
feu » avait considérablement refroidi nos ardeurs et nous avait plongé
dans un abyme de perplexité. On se demandait en effet comme le
réalisateur de « Quatre mariages et un enterrement » allait répondre au
cahier des charges de la série, voire lui apporter sa vision. Mais la
plus grosse inquiétude concernait l'adaptation de ce pavé de près de
800 pages, ou comment faire tenir dans un métrage de moins de 3 heures
la somme considérable d'événements et de sous intrigues contenues dans
le livre sans le trahir ou en minimiser l'impact.
Les premières minutes du film répondent à notre question
de façon radicale et font déchanter très rapidement le spéctateur
enthousiaste : les scénaristes ont décidé de pratiquer la coupe sombre
(sans jeu de mot!), pour ne retenir que ce qui touche exclusivement
Harry Potter et évacuer les chapitres qui ne concernent pas le jeune
sorcier. Exit donc l'essentiel des premières pages du livre (une
centaine tout de même!) se situant lors de la coup du monde de Quiddich
! Ce sera sans doute la plus grosse frustration pour les lecteurs, tout
ce passage dont on attendait avec impatience la transposition à l'écran
est évacué, condensé pour n'en conserver qu'un « digest » sacrifiant
moults personnages secondaires et surtout le match Bulgarie-Irlande
décrit dans le livre.
Heureusement, les autres temps forts du
récit sont conservés et les thèmes développés par JK Kowling sont
abordés : l'amitié, bien sûr est au centre de l'histoire, le rite et le
passage à l'âge adulte (davantage signifiés par les épreuves de la
Coupe de feu), la popularité, les premiers émois amoureux qui nous
valent de savoureuses scènes humouristiques dont Ron est une nouvelle
fois le protagoniste principal.
Tout ceci est traité sans
temps mort, dans un récit mené à un rythme interdisant toute baisse de
tension, où la vision de JK Rowling trouve son illustration à la faveur
d'effets spéciaux parfaitement intégrés. Les scènes d'anthologie se
succèdent avec bonheur et Mike Newell parvient même à réussir quelques
bons moments de mise en scène pure (la coupe de feu qui dévoile le nom
d'Harry comme compétiteur, le retour d'Harry avec le corps d'Eric...).
Mais le climax tant attendu est bien sûr l'apparition pour la première
fois de Lord Voldemort en personne, dont la séquence quoique que trop
courte répond à nos attentes. Ralph Fiennes s'avère un choix judicieux
pour l'incarnation reptilienne de ce personnage qui promet une suite
que l'on attendrait avec beaucoup d'impatience, si le livre suivant ne
venait pas démentir notre enthousiasme. « L'ordre du Phénix » est en
effet le maillon le plus faible de la sage Harry Potter, dont on a
beaucoup de mal à se convaincre que l'adaptation cinémathographique
sera à la hauteur de ce qui précède. Réponse dans deux ans en salle...