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VERSATILE
4 mars 2007

Marie-Antoinette

18612766Dès l'annonce de son intention de tourner un film sur Marie-Antoinette, la majorité de la presse ciné et n'importe quel observateur un peu attentif ont compris ce qui pouvait motiver Sofia Coppola pour s'intéresser à un tel sujet. A savoir mettre une nouvelle fois au centre de son récit une jeune femme évoluant dans un univers étranger pour suivre son apprentissage de la vie. Marie Antoinette s'inscrit donc immédiatement sur le registre de la chronique intime et non pas de la volonté historique. De ce point de vue, Sofia Coppola réussit son film qui répond strictement à ses notes d'intention. Le film adopte constamment le point de vue de son personnage principal et nous fait partager ses ennuis, ses angoisses et ses débordements dépensiers de jeune princesse. La réalisatrice échappe aux écueils de la reconstitution en costume en dynamisant sa mise en scène tel un clip à la bande son pop/ rock où s'entre-mêlent The Strokes, New Order, Cure ou Phoenix. C'est donc une version moderne qui revisite les clichés que Sofia Coppola a choisi d'adopter et il faut lui reconnaître un immense talent de réalisatrice dans sa capacité à marier le son et l'image dans un montage dopé aux décibels. La façon dont elle filme un bal masqué comme une fête techno est une vraie réussite.

Toutefois, si le film n'est jamais ennuyeux et peut même provoquer une douce euphorie chez le spectateur, le sentiment déceptif que l'on ressent provient justement du strict respect des notes d'intentions de la cinéaste, qui ne parvient jamais à transcender tout à fait un sujet en or dont on attendait davantage. Le personnage de Marie Antoinette ne bénéficie en effet d'aucune caractérisation. Elle ne nous est présentée qu'au travers de ses actes les plus anecdotiques : essayages de perruques et de chaussures, papotages entre jeunes filles sur les rumeurs de la Cour,  cocufiage au Trianon et recherche festive tous azimuts. Kirstin Dunst tente tant bien que mal de  donner du corps et de l'âme à son personnage, mais ce qu'on lui donne à jouer ne suffit pas, la pénurie de dialogue interdisant en outre au spectateur de ressentir quoi que ce soit pour Marie Antoinette. L'actrice se contente donc de minauder exclusivement, et c'est d'autant plus dommage que le rôle permettait davantage de complexité et de profondeur, que la réalisatrice aurait pu puiser dans l'ouvrage d'Antonia Fraser qui lui a pourtant servi de référence. Par conséquence, on a du mal à croire aux rares scènes dramatiques, lorsque Marie Antoinette éclate en sanglots à la naissance de sa nièce ou lorsqu'elle décide de rester auprès de son roi de mari alors que la révolte gronde. Rien auparavant ne nous a permis de ressentir qu'elle éprouve un quelconque sentiment envers Louis XVI, cette décision arrive sans aucun développement logique et manque de ce fait cruellement de crédibilté.

Film mode sans enjeu véritable, Marie Antoinette ne s'apprécie finalement que comme une coupe de champagne : inoffensif, il peut provoquer une ivresse passagère, mais comme c'est tout de même un cru de bonne qualité, on ne risque pas d'attraper la gueule de bois.

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Commentaires
J
J'ai trouvé le coffret DVD de Marie Antoinette [La Super Edition Royale] sur Shoppydoo (http://fr.shoppydoo.com/) (un comparateur de prix). C'est vrai que ce film est magnifique on sent vraiment d'ailleurs que Sofia a un peu bouclé la boucle sur le theme des jeunes filles en quete d'identité (voir Virgin Scuicides & Lost In Translation) que nous reserve t'elle donc pour le prochain ? j'ai trop hate !
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