OSS 117 - Le Caire, nid d'espions
Jean François Halin (scénariste) et Michel Azanavicius
ont tous deux travaillé sur Canal + pour les Guignols et/ou les Nuls et
ça se voit, tant les influences des Monthy Python et du ZAZ (Zucker/
Abraham/ Zucker, auteurs des « Y-a-t-il un pilote/ Un flic....) sont
déterminantes. Humour non-sensesque, parodique, second degré
revendiqué, personnage principal stupide et complètement largué, toute
la panoplie comique est déployée pour faire mouche quasi
systématiquement. OSS 117 est drôle, oui, souvent hilarant et réserve
plusieurs scènes d'anthologie telles que la ré interprétation de
« Bambino » au banjo et l'appel à la prière contrariée du muezzin par
un Jean Dujardin soucieux de son sommeil ! Instantanément culte !
Cependant, si OSS 117 n'était resté que sur un strict registre
parodique, le film n'aurait été qu'une coquille vide, drôle certes,
mais stérile. Heureusement, les auteurs ont aussi envisagé OSS 117
comme un vrai film d'aventure à l'ancienne, sur une intrigue
inexistante certes, mais où se manifeste un respect des codes inhérents
au genre. Pré génrique en noir et blanc (hommage à James Bond), stock
shots garantis d'époque (?), projection sur écran en arrière plan des
séquences en voiture, décors, costumes, coiffures et postures d'époque,
photo « à l'ancienne », toute la direction artistique concourt à un
gage de qualité souvent absent des comédies. Un sentiment nostalgique
et désuet s'impose naturellement à la vision de ce film. On pense
souvent à un cinéma tel qu'il s'envisageait dans les années 60 et
notamment à la série des Fantômas de André Hunnebel, aussi réalisateur
de plusieurs OSS en son temps.
Mais OSS 117 doit aussi sa
réussite à son acteur principal, Jean Dujardin, que nous avions réussi
à éviter en Brice de Nice, mais qui s'impose ici comme une figure
incontournable du cinéma français. Il réussit à donner à Hubert
Bonnisseur de la Bath, personnage stupide, xénophobe, homophobe,
misogyne, colonialiste, inculte et auto satisfait, un côté sympathique
à la faveur d'un sourire en coin, un soulèvement de sourcil ou une
posture caricaturale et emporte avec lui la complicité du spectateur.
Il trouve toujours le bon rythme dans la séquence pour faire glisser le
ton d'un sérieux emprunté à la parodie décalée.
Voilà donc le
type de projet comique qui pourrait s'imposer comme une alternative aux
Bronzés 3 ou aux films de Weber. Un humour certes beaucoup plus décalé
et qui ne conviendra pas à tous, mais pas non plus tout à fait excluant
comme pouvait l'être vécu un film comme Asterix : Mission Cléopatre,
davantage frappé du sceau Canal +. En tout cas, cet OSS – là pourrait
marquer le début d'une nouvelle franchise dont on souhait qu'elle
conserve ce même niveau d'excellence.