L'arc
Il est toujours étonnant de constater à quel point la
critique peut parler à l'unisson, sans qu'aucun avis dissident ne se
manifeste quand tous parlent d'une même voix. Lorsque « l'Arc » est
sorti il y a quelques mois, il a subi une volée de bois vert alors que
la presse qui lui est tombé dessus à bras raccourci est la même qui
avait encensé plus tôt « Printemps, été, automne, hiver...et
printemps » et surtout « Locataires », les deux plus gros succès publics de Kim Ki Duk en France.
Qu'est-ce
qui a valu un tel revirement de l'opinion à l'égard d'un cinéaste dont
la découverte dans le désordre de l'oeuvre avait unanimement
enthousiasmé ?
Soyons clairs dès le début : Kim Ki Duk n'est à nos yeux
pas un cinéaste majeur ou absolument incontournable mais c'est
indéniablement un réalisateur exigeant, qui construit une oeuvre
cohérente de par ses sujets et les motifs que dessinent sa mise en
scène.
C'est sans doute ce qui a majoritairement déçu à la
découverte de son dernier film : la systématisation des thèmes et des
figures imposées par le cinéaste, reprises ici méthodiquement.
L'isolement et la solitude font écho à celle des personnages de
« Locataires » ou de «Samaria »,
le mutisme est réutilisé à l'instar de « Bad Guy » ou de
« Locataires », le lieu unique renvoie à « L'île ». Tourné en quinze
jours seulement, retourne cependant son économie de moyens à son
avantage. L'inventivité dont fait preuve Kim Ki Duk force l'admiration
, avec un nombre de personnages limité une unité de lieu très stricte
et l'utilisation des accessoires qui permettent de faire évoluer
l'intrigue, caractérisent les personnages ou ont une valeur symbolique
manifeste (l'arc, la balançoire...).Alors certes Kim Ki Duk a déjà fait
preuve de capacités équivalentes précédemment en plus ou moins bien,
mais « L'arc » n'est en aucun cas une redite ou une répétition à
l'identique. Il permet au contraire de creuser davantage les rapports
homme/ femme et père/ fille au centre de l'oeuvre de Kim Ki Duk et
prouve une nouvelle fois les qualités de formaliste du réalisateur. En
dépit d'un temps de tournage très court, il parvient en effet à
produire des images qui s'impriment durablement, à composer des figures
symboliques et poétiques qui interpellent (la défloration de la jeune
fille par une flèche décochée).
« L'arc » ne méritait donc pas
d'être voué aux gémonies de la critique et se doit par conséquent
d'être découvert par ceux qui ont aimé les oeuvres précédentes de Kim
ki Duk, dont ill est le digne successeur.
Le dvd
Edité
par TF1 Video, « L'arc » ne bénéficie d'aucun effort particulier de l
'éditeur : aucun bonus ne vient éclairer le film qui souffre en outre
d'un transfert numérique parfois défaillant, macro blocs de pixels
dans les scènes très sombres (lorsque le vieil homme joue de son
instrument au clair de lune), taches blanches sur la pellicule,
couleurs un peu palotes. Le film est cependant agréable à visionner en
l'absence de grain et grâce à une belle netteté de l'image. Le son est
proposé en Dolby ou en DTS mais hormis la musique, le film n'est pas
une extravagance multi-canal comme on pouvait s'en douter.