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VERSATILE
5 mars 2007

Election

1133161848_bigLe monde des Triades a décidément la côte actuellement. Après la trilogie Infernal Affairs, voici que Johnnie To s'y interesse de nouveau à son tour. Il faut dire que cet univers de société secrète à vocation criminelle, qui s'apparente en de nombreux points à la mafia américaine, a quelque chose de fascinant avec ses lois spécifiques, ses raisons historiques et ses liens avec la société, ses traditions, ses figures hautes en couleur et folkloriques, elles ont inspiré de nombreux cinéastes en tous temps et en tous lieux en raison de leur aspect cinégénique et fantasmatique .

Dans Election, Johnnie To isole un événement spécifique de la vie des triades, l'élection du nouveau chef local, pour  en  révéler les enjeux financiers, les luttes de pouvoir, la lutte entre la tradition et les velléités séparatistes.

Les deux prétendants au pouvoir sont Lok, garant des traditions qui président à ce microcosme, calme, méthodique, il est opposé à Big D, qui, battu par le vote, va tout faire pour obtenir le siège tant convoité à force de violence et de corruption. Ce dernier est interprété de façon quasi hystérique par un Tony Leung Ka Fai qui cabotine au possible dans ce rôle survolté. Il faut dire que le récit faisant intervenir de nombreux personnages, leur caractérisation, réduite au minimum, autorise tous les excès dans le jeu des acteurs et dans celui-ci en particulier, obsédé par le pouvoir et l'argent.  Le film prend à un moment donné la direction d'une forme de chasse au trésor : celui qui possédera un bâton ancestral que se relaient les nouveaux chefs, deviendra le patron. C'est l'occasion de sortir de Hong Kong où se déroule le film, de mettre en suspens le dialogue et le verbe pour des séquences d'action, de poursuite et de duels au sabre qui ne font cependant pas oublier que Election n'est pas un film d'action stricto sensu. Aucun coup de feu n'est échangé, Johnnie To abandonne les fusillades opératiques de Full time Killer ou The Mission, les plans séquences virtuoses de Breaking news. Si on tue dans Election, c'est à l'arme blanche, en enfermant la victime dans une caisse pour la faire dévaler une falaise, en utilisant un rocher pour écraser un crâne, en poussant sa victime sous les roues d'une voiture. Si on sent bien que Johnnie To a mis un point d'honneur à mettre de côté les gunfights, cela ne signifie pas pour autant que sa mise n'est pas moins travaillée et réfléchie. Il utilise toujours des mouvements d'appareil discrets mais plutôt pour isoler un moment de communion collective (la cérémonie du thé ou celle d'intronisation du nouveau boss), utilise de brillante façon la cinégénie particulière de la ville de Hong Kong (les berlines noires qui roulent dans la nuit avec les reflets des néons sur la carrosserie, une embarcation qui file dans la baie...). Le montage est nerveux et maintient l'intérêt malgré un nombre de protagonistes trop important qui interdit hélas d'éprouver une quelconque empathie pour tel ou tel personnage : c'est là le vrai défaut du film. Election s'en tient strictement à son programme sans établir de réelle connexion avec le spectateur, au risque d'en laisser un bon nombre sur le carreau.

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